Radis Rose au Point Ephémère

Publié le par laure dasinieres

Avait lieu hier, organisée par l'Ensemble souple, la soirée Radis Rose au Point Ephémère.

En première partie, dans le cadre du festival de courts métrages Betting on shorts, on assisté à la projection de 17 films sur le thème "Money, Money, Money"... qui étaient simultanément diffusés dans plusieurs villes européennes et soumis au jugement de jurys de professionnels afin de déterminer un lauréat. Le public lui-même était invité à parier sur le gagnant. On a vu du bon et du moins bon, évidemment, mais heureux  de voir un panorama multi -culturel créatif et intéressant, souvent drôle.  On s'est quelque peu désolé du manque d'enthousiasme du public: d'instinct, nous aurions applaudi entre les films mais cela ne semblait pas l'usage... Étonnant... Le membre du jury qui a annoncé les résultats semblait lui-même s'ennuyer à mourir et n'avoir que pour seule envie que de rentrer chez lui. C'est quand même assez regrettable. Comme si tous ces gens ne semblaient être là que par obligation professionnelle, alors qu'il y avait véritablement du plaisir à prendre dans cette projection. Enfin, nous, cela nous a plu!


La seconde partie de soirée se composait d'une performance Caroline Perdereau (que nous avons loupée, habitué que nous sommes aux décalages de timing- elle est passée pile à l'heure prévue, on salue la précision organisationnelle, mais nous étions restés dehors persuadés ça n'avait pas repris..., dommage...)

Puis de trois concerts: Fabienne Audéoud, This the Hello Monster et Florence Denou.


On passera très vite sur la prestation de Fabienne Audéoud. Charismatique, inspirée, groovy, dotée d'une voix assez impressionnante, elle semble toutefois être restée ancrée dans les années fin 80- début 90, très marquée par le modern'jazz, la musique de Prince (dont elle paraît très influencée également au niveau de la gestuelle) et du hip-hop populaire de l'époque. Une certaine obsolescence palpable aussi dans l'usage des machines quand on sait les potentialités sonores d'un simple mac, sans compter que les effets de sur-ajouts vocaux nous ont parfois donné la pénible impression que F. Andréoud chantait en play-bac... Même si musicalement ce n'est pas tout cela n'est pas désagréablement, ce live fut vite lassant et nous laisse très dubitatif. On a, en revanche, été fort séduit par le travail de Vjing l'accompagnant... Mais qui n'a pas suffit à nous convaincre.


L'excellente surprise de la soirée est venue de This is the Hello monster, projet solo mais néanmoins accompagné de Gérald Kurdian talentueux multi-instrumentiste amateur, radio artist et song writter aussi inspiré que sensible.

Emprunt d'une audace discrète, d'une inventivité bidouilleuse et d'une spontanéité extrême, son concert est prétexte à l'expérimentation, à la création en direct, avec ce que cela comporte d'hésitations et de doutes et dont il émane un sentiment de fragilité mais surtout d'humanité profonde et qui remporte instantanément toute notre sympathie.


Il enregistre devant nous les loops dont il va user pour accompagner sa chanson suivante, tâtonne, essaie, utilise des jouets aux sonorités étonnantes.

Dit comme ça, le côté expérimental et tatonnant de la musique de This is the Hello Little monster pourrait sembler ne relever que de la pure curiosité sonore.


Il n'en est rien.

Si l'on aime la dimension ludique du projet de Gérald K. , on est aussi et surtout extrêmement touché par la grâce de sa musique aux mélodies à la fois intrigantes, captivantes et ravissantes.

Il crée un univers intimiste et feutré, étrange et pourtant étonnamment familier.

On est avant tout dans le partage de l'émotion, dans le monde du sensible aussi bien fantastique et irréel qu'acceuillant.


Gérald K. fait l'aveu qu'il avait longtemps cru que les chansons avaient le pouvoir de suspendre le temps... Il ne se trompait pas... Les siennes constituent bel et bien des parenthèses hors des contraintes temporelles.

Servie par une violoncelliste, un bassiste/baryton et une chanteuse soprano, et accompagnée en fond par des images vidéos aussi quotidiennes que magnifiques, cette prestation musicale fortement marquée par l'anti-folk us et la lo-fi nous a profondément touché et ravis, conquis par ce paradoxe entre maturité, travail en amont tangible et improvisation.

On croit bien ne jamais avoir rien vu ni entendu de tel et il nous tarde d'assister au prochain concert de This the Hello Little monster dont on est sûr qu'il nous surprendra et nous émouvra à nouveau.

Publié dans Festival

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
G
et vous n'avez rien dit sur Florence Denou.. qu'en est-il?
Répondre
L
<br /> On a très mal fait notre travail, j'étais trop Ko pour apprécier un autre concert. Mea culpa<br /> <br /> <br />