L'affaire de la rue de Lourcine à la Pépinière Opéra

Publié le par laure dasinieres



Le bourgeois Lenglumé se réveille laborieusement, affichant une belle gueule de bois... S'il se rappelle qu'il a échappé à la vigilance de son épouse pour se rendre au gala pour le moins alcoolisé des anciens élèves de l'institut Labadens , un black out mémoriel absolu l'empêche de se souvenir de ce qu'il s'est passé entre le plat de turbot et ce réveil embrummé...

Surprise! Des ronflements et flatulences s'échappent de l'alcôve de son lit! Aurait-il ramené une femme? Non, il s'agit d'un homme, encore tout aussi saoul que lui, Minstingue, ancien camarade de l'institut.... Il a lui aussi tout oublié...

Quand la femme de Labadens (interprétée par l'étonnante et sautillante Christine Pignet,  à laquelle la savoureuse réplique "Que cette femme est romanesque par son embompoint" colle à la perfection) lit dans les faits divers d'un journal vieux de vingt ans le récit d'un assassinat, c'est le début d'un véritable cauchemard pour Lenglumé et son compère de beuverie... et d'infortune.... Un certain nombre d'indices leur font, en effet, soupçonner qu'ils sont eux-mêmes  les auteurs du crime...


Si Labiche nous semble aujourd'hui un dramaturge des plus légers, cette courte pièce, si elle est bourrée de bon mots et apporte un plaisir continu, contredit quelque peu cette réputation.
L'Affaire de la rue de Lourcine est certes une farce pleine de loufoqueries, mais la succession de quiproquos et l'état amnésique de Langlumé et Mistingue instaurent une ambiance de cauchemard, et font de la pièce une sorte de pastiche de comédie policière où l'humour glacial cotoie l'absurde...
Moins facile qu'il n'y paraît, l'Affaire de la rue de Lourcine, malgré un propos simple mais néanmoins efficace, a un côté paradoxal pour le moins convaincant. Sa truculence nous fait l'imaginer ancêtre d'un Père Noël est une ordure...

Le décors, sobre mais pour le moins bien construit, laisse toute sa place au jeu effervescent des comédiens qui, s'ils en font beaucoup en postures outrées, attitudes grotesques et grimaces appuyées, n'en font jamais trop et se glissent à la perfection dans la peau des personnages haut en couleurs qu'ils incarnent avec bonne humeur et énergie et une tangible délectation pour les mots, dynamisant subtilement le style un peu suranné du texte.


Les chansons, signées Ours et Lt. Nicholson qui ponctuent la pièce offrent un contre-point étonnant parce que si le style qu'on aurait pu attendre se rapprocherait plutôt de l'operette, les compositions lorgnent au contraire tantôt du côté du swing moderne tantôt de la pop-calypso, voire du funk ou du blues. Les comédiens se prêtent avec un bohneur palpable et communicatif à ses "tours de chant" et contribuent de cette autre façon à ébourriffer une pièce qui ne demande que ça!!

Jérémie Lippman rend un jubiloire hommage à Labiche et offre au public un excellent divertissement.





Publié dans Scènes

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