La petite pièce en haut de l'escalier au Théâtre du Rond Point

Publié le par laure dasinieres

On ne sait trop quel sentiment domine au sortir de la représentation de La Petite Pièce en haut de l'escalier de Carole Frechette au Théâtre du Rond Point...

Une certaine fascination, sans nulle doute, des frissons, mais aussi pas mal d'agacement, d'incompréhension, un sentiment de froideur et les regrets du spectateur à qui l'on promet beaucoup pour ne l'emmener que pas très loin (ou bien trop...)


Cette réinterprétation singulière et contemporaine du conte de Barbe Bleu séduit autant qu'elle égare, saisit autant qu'elle peut rebuter.

Explorant le thème des fantasmes enfouis, des peurs enfantines et profondes, La petite pièce en haut de l'escalier tient de la fable psychanalytique où s'entremêlent imaginaire et réalité, Éros et Thanatos, craintes, pulsions et désirs refoulés.

Que se passe t-il dans la tête de Grâce?

Les voix de sa mère, de sa soeur sont elles le fruit de son inconscient ou lui parlent-elles vraiment?

Que se passe-il dans cette petite pièce en haut de l'escalier où son époux lui interdit de monter?

Quelle matérialité a la chose effrayante qu'y découvre la jeune épouse?

A qui se vouer dans cet enchevêtrement d'ordres et de conseils qui lui sont adressés?

Le propos est des plus mystérieux, et l'obscurité du texte, rappelant le Nouveau Roman, comme la froideur posée de l'interprétation tendent à rendre la pièce somme toute assez opaque.

Elle peine, de fait, à toucher au but, et quoi que l'essence même d'un conte soit de porter en lui des interprétations multiples, elle propose trop de perches et ne donne pas suffisamment de clés pour qu'un processus de réflexion puisse véritablement s'engager.

Ainsi, faute de pouvoir entrer dans un jeu de recherche de sens, on est dominé par une impression de vacuité.

C'est assez regrettable dans la mesure où la pièce jouit d'une scénographie intelligente tant dans le dispositif du décors que dans la mise en scène quasi chorégraphique des corps.


Mais, ce déploiement d'inventivité, ainsi que quelques bonnes trouvailles textuelles, ne suffisent pas à donner de l'âme cette pièce qui nous laisse sur notre faim, et déçoit véritablement nos attentes.

Publié dans Scènes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article