Finale des Championnat de France de Air Guitare à la Maroquinerie

Publié le par laure dasinieres

Beauferie grand guignolesque, snobisme arty ou véritable tour de force scénique? On doit vous dire que depuis qu'on ented parler de Air Guitare, qu'on voit passer ici ou là des vidéos, il nous fallait voir de nos yeux ce que ça donne en vrai...
Que cela ne sert à rien, on en était déjà convaincu (c'est même ça dans le principe qui est bon) mais il nous fallit tâter l'ambiance...
Le mieux pour prendre la température de cette discipline? La finale des championnats de France... C'était ce samedi dans une Maroquinerie pleine à craquer d'un public qui n'est pas forcément celui des concerts que nous affectionnons dans cette salle (plutôt dix ans de moins et une fâcheuse tendande à écouter Radio néo) mais hyper enthousiaste et gonflé à bloc pour accueillir et soutenir ses champions.

D'abord, quid du Air Guitare, pour ceux qui n'auraient pas tout suivi...

L’Air Guitar est une activité qui consiste au mime du jeu de guitare.

Avant de triompher sur scène, tous les rockers ont débuté dans leur chambre, face au miroir, pratiquant sans le savoir ce qu’on appellait pas encore l’Air Guitar. En 1969, à Woodstock, Joe Cocker en donne une stupéfiante démonstration devant un public médusé. Dans les années 70, l’explosion du hard rock et le culte des guitar-heroes enflamment les kids, qui mitraillent des solos imaginaires devant leurs chaines hifi.

Chaque année depuis 1994, les étudiants du département audiovisuel des Arts-Décos de Oulu, en Finlande, organisent le Oulu Music Video Festival, consacré à la culture populaire sous forme de vidéos musicales, projections de films et concerts.

En 1996, s’ajoutent à ce concept, les premiers championnats mondiaux d’Air Guitar, dont l’idée originale avait brièvement été exploitée par les Anglais, un an auparavant, lors de soirées au Lift Club, à Brighton.

Ce festival, qui éveille internationalement l’attention des médias, rassemble durant 4 à 5 jours de la fin du mois d’août, près de 20.000 participants, parmi lesquels se trouvent les Jimi Hendrix de la guitare invisible, venus des quatre coins du monde décrocher le trophée du meilleur guitariste virtuel.

En effet, l’AIR GUITAR mobilise rapidement les foules du monde entier, s’organisant d’abord en championnats nationaux dans un grand nombre de pays (Angleterre, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Etats-Unis, Irlande, Islande, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Suède etc), dont les qualifiés viennent se frotter les uns aux autres en Finlande, lors de la grande finale mondiale.
A cette longue liste officielle de pays participants, s’ajoute la France depuis 2005 …

Si le phénomène de la “guitare invisible” est pratiqué de façon tout à fait spontanée depuis longtemps, il faudra attendre l’été 2002 pour qu’un premier championnat soit organisé dans le local de Project 101 à Paris. Il est ensuite célébré par le groupe Rinôçérôse dans son clip “Music kills me”, et parmi les premiers Français à avoir fait gratter la poussière aux gens, on retrouve les déjantés de Sono 4000, alias Dj Mécouye et Dj Rond.

Depuis, ce concept plutôt original, franchement délirant et assurant un public exalté, fait son petit bonhomme de chemin, et de plus en plus de clubs et cafés.

Mais c’est en juin 2003 que cette pratique prend une véritable ampleur en France. Au Nouveau Casino (Paris) a lieu le premier championnat digne de ce nom avec une trentaine de participants et une gagnante au charisme dark : Joëlle Tempest.

Après avoir gagné une Epiphone Flying V (la guitare des hard-rockers en forme d’éclair) et sa photo en couleur dans Le Monde (s’il vous plait) sur fond de punk-rock féminin, elle a remis son titre en jeu le 21 juin 2005 et s’est fait détrônée par Monkey Boy. En 2006, Sideburn l’emporte tandis qu’en 2007 Moche Pitt ramène un titre de Vice-Champion du Monde a la France. En 2008, le champion s’appelle Master Peace.

A l’origine du championnat du Nouveau Casino, Rita Cadillac a décidé, en 2003, de monter la Fédération Française d’Air Guitar au sein de l’association Disco-Babel, en accord avec les championnats du Monde.

Depuis, la petite équipe d’Air Guitar sillonne chaque année les routes de France pour débusquer le candidat qui, au fil des qualifications, pourrait devenir champion de France puis champion du Monde !


Réunis sur la scène de la Maroquinerie, les 10 meilleurs champions toutes catégories prêts à se frotter au jugement d'un jury très Nouvelle Star sans Manoeuvre et présentés par un animateur stand upesque tout droit sorti du Comedy Club...
On est un peu méchant voire élitiste pour le coup, mais c'est vrai qu'on est resté un peu à côté des blagounettes et des gimmicks prêt-à-rire.
Difficile pour autant de ne pas résister devant l'énergie déployée par les candidats, l'adrénaline à son plus au niveau.
Ca joue le jeu à fond, ça se crée des personnages plus ou moins grandiloquents, plus ou moins barrés (infirmier de la morgue, avatar de Kiss, minet à fourrure, énergumène doré très toutouyoutou...) et surtout ça se déchaîne...Des cheveux dans tous les sens...


   

On salue les prestations, on s'amuse des lâchers de guitare (virtuelles), de ceux qui s'obstinent à gratter alors qu'il s'agit d'un passage joué uniquement à la basse, des poses et des grimaces.
Nos joyeux zouaves sont de sacrés observateurs et l'on se dit qu'ils ont regardé en boucle les vidéos d'Hendrix ou d'Aerosmith, ACDC, Deep Purple et consorts...
Le résultat n'est pas toujours très cohérent mais on a vu de très belles postures, des déhanchés et des sauts anthologiques...


   

Tout cela est jubilatoire un moment, mais, sans doute parce qu'on n'a pas du tout accroché sur la présentation, on s'est lassé assez vite avec l'impression, compte tenu de l'effervescence dans la salle, d'être les vieux cons du bêbête show...
Parce qu'en toute objectivité, le phénomène est ultra fédérateur et festif et si l'on reste à côté de la plaque, c'est peut être juste qu'on ne l'a pas suivi plus tôt.
On regrette que l'exercice se focalise uniquement sur des sons rock hard rockeux/ métalleux un peu surannés, ce serait pourtant drôle aussi de passer d'Iron Maden à José Gonzales en l'espace d'une minute...
Alors oui, c'est un peu beauf mais on passe quand même un bon moment et on se dit qu'on peut bien prendre ça pour un divertissement au 40ème degré,  comme une petite faiblesse kitschouille un peu honteuse mais qui fait du bien... (en même temps, il y en a dans la rédaction qui ne peuvent s'empêcher de succomber au "Coup de soleil" de Cocciante, alors...)

Publié dans Impressions de soirée

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