Dr Sketchy’s – Pin-Up Girls et Arts Plastiques

Publié le par laure dasinieres et Peter K.

C’est à une soirée aussi inattendue que conviviale que nous avons participé ce samedi soir, découvrant un concept pour le moins inédit: Le Dr Sketchy’s anti-art School.

Le Dr Sketchy’s original est une idée de l’artiste new-yorkaise Molly Crabapple, illustratrice de talent dont l’univers entre glamour mignon et trash faussement naïf s’inspire librement de l’univers du cabaret et des pin-ups.Il est depuis un peu plus d’un an importé à paris par une équipe de passionés.

Le principe de Dr Sketchy’s ? Une séance de dessin d’après modèle vivant, avec des cocktails, une musique délicieusement fifties, une ambiance rétro chic mais non moins accueillante et ouverte à tous sans soucis d’âge ou de look… ( Les Dr Sketchy’s se déroulent une fois par mois au Curio mais pendant les vacances le programme change un peu.
Les modèles? De délicieuses pin-ups qui vêtues ou dévêtues de costumes selon le thème de la soirée (ce samedi, c’était, été oblige, très « coquillages et crustacés» ) prennent la pose pour se faire croquer par des dessinateurs plus ou moins amateurs.
Même si le climat se fait studieux, on n’est pas aux Beaux arts ici et nul n’est soumis à un quelconque jugement. Et puis, alors que dans les écoles d’art classiques, on ébauche et on trace dans une atmosphère parfois trop froide et en tout cas très sérieuse, à la Dr Sketchy’s Anti Art School, le but est avant tout de passer une bonne soirée. Foin des modèles qui s’ennuient, nos pin-ups et danseuses, malgré quelques crampes (dix minutes de pose, c’est long!) affichent un sourire parfait. On apprécie la recherche de leur habillement, le soin porté aux accessoires, ainsi que la délicieuse ambiance jazz.

Attention cela dit, si vous venez là uniquement pour reluquer de jolies filles, vous vous trompez d’endroit. Esprit cabaret peut être mais jamais peep show… On touche avec les yeux et si les filles sont à croquer, c’est uniquement au crayon ou au fusain.

Séances de pose, tours de chant (par une chanteuse jazz américaine) ou de danse se succèdent dans un climat détendu et chaleureux.
Et nous, on écarte très très vite toutes nos idées reçues sur le burlesque, du moins celui tel qu’il est conçu ici…: rien d’élitiste, rien de surfait, rien de prétentieux… C’est même tout le contraire car c’est sans doute l’une des soirées à laquelle on a pris part où les participants constituaient un public hétéroclite, en âge comme en apparence.
On se prend au jeu du dessin en buvant quelques verres et c’est vraiment très plaisant.

n entend déjà les pseudo-féministes hurler, nous reprochant le principe même de ces séances de pose, nous accusant de renouer avec le stéréotype de la femme-objet. Pour mieux comprendre la démarche des organisateurs de Dr Sketchy’s des deux côtés de l’Atlantique, il faut la re-placer dans son contexte : le mouvement néo-cabaret.

Né à New York dans les années 1990, le mouvement néo-cabaret, incarné par son égérie Dita Von Teese,  à depuis longtemps dépassé le cadre du music-hall pour devenir un mouvement, sinon mondial, au moins transatlantique. Re-né de ses cendres dans la foisonnante culture music-hall américaine, le cabaret moderne, sous l’étiquette généraliste de « burlesque»  s’inspire aussi bien des pin-ups de la propagande de guerre américaine (incarnées par l’éternelle icône à frange brune Betty Page) que du cabaret européen, puisant aussi bien dans la décadence fin-de-siècle parisienne que dans celle du Weimar des années 1920 (que l’on retrouve de façon fantasmée dans la comédie musicale et le film à succès Cabaret).
Réaction d’une frange marginale et hyper-créative à la vulgarité de la culture américaine des années 1990, le mouvement néo-cabaret, comme le mouvement punk auquel il reste très lié, loin d’être officiel ou organisé, est une foisonnante pépinière de talents. Leur point commun, et ce qui les différencient du punk, est de s’inspirer de la culture du spectacle vivant pour renouer avec la folie, la magie, et la classe, le tout au départ sans budget, avec de l’imagination et de l’huile de coude. Si Dita Von teese fait aujourd’hui la couverture des magazines de mode, l’essentiel du mouvement reste incarné par des artistes farouchement indépendants qui ont refusé la voie de la facilité. Qu’il s’agisse de musiciens, de danseurs, de plasticiens, de modèles ou d’acteurs, ils sont dans la recherche d’originalité et d’authenticité, ainsi que d’un peu de classe dans ce monde de brutes. C’est dans cette démarche conviviale et créative que s’inscrit Dr Sketchy’s, comme en témoignent le talent de leurs invités.

 

http://www.myspace.com/drsketchysaparis

Quelques groupes de l’univers néo-cabaret et PunK Cabaret :

Les incontournables Dresden Dolls ( alias Amanda Palmer et Brian Viglione, qui joue aussi dans World/Inferno Friendship Society )

Gogol Bordello

Katzenjammer Kabarett

le duo Gurzuf

Le chanteur jazz Max Raabe

Publié dans Impressions de soirée

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